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Terminus : Tachkent
Dernier arrêt en Ouzbékistan
On termine notre traversée de l'Ouzbékistan par la ville qui est pour beaucoup un point d'entrée : Tachkent, capitale du pays et plus grande ville d'Asie centrale.
En descendant du train ça nous semble très urbain, surtout après les vieilles villes classées de Boukhara et Samarcande. Mais on n'aurait pas deviné que plus de 6 millions de personnes y habitent : les boulevards, les bâtiments et les squares sont grands et imposants (à la mode soviétique, on commence à avoir l'habitude), mais plutôt vides.
On ne voit pas beaucoup de touristes : on est ici assez loin de la céramique bleue qui attire du monde en Ouzbékistan. Les gens ont tendance à prendre un train pour Samarcande dès leur sortie de l'avion à Tachkent.
Ça fait assez plaisir de ne plus trop avoir de choses "à voir" : on peut prendre quelques jours pour souffler et pour se reposer avant de repasser au Kazakhstan. Mais pour le repos, ça commence mal : notre chambre d'hôtel est minuscule, surchauffée, et sent les canalisations. On finit par passer la plupart de notre temps à Tachkent dans des cafés.
On mange aussi nos premiers repas occidentaux depuis Bakou (dont une très bonne pizza napolitaine le premier soir), et nos derniers repas ouzbeks en Ouzbékistan (plov, samsa, kuksi)1.
Entre deux, on valide quand même le TOP 3 DES MEILLEURES CHOSES À FAIRE À TACHKENT qu'on trouve sur tous les blogs.
1. Le métro de Tachkent
On lit partout que le métro de Tachkent est le plus vieux d'Asie centrale, avec une première ligne ouverte en 1977 pendant l'Union soviétique.
Ce qu'on ne dit pas, c'est qu'il n'y a pas eu beaucoup de compétition : il y a seulement deux métros en Asie centrale à ce jour, Tachkent et Almaty (et celui d'Almaty n'a ouvert qu'en 2011). Donc 1977 c'est vieux pour la région, oui, mais pas vraiment comparable au métro de Londres (1863) ou même à celui de Moscou (1935).
Comme ouvrir une ligne de métro n'était pas particulièrement innovant en 1977, Tachkent a essayé de se rattraper en faisant construire des stations de métro toutes plus resplendissantes que les précédentes. (Il faut bien trouver de quoi inspirer le prolétariat.)
2. Le marché de Chorsu
Ligne O'zbekiston, arrêt Chorsu
On commence à avoir l'habitude des marchés, et même des marchés ouzbeks, après ceux de Nukus, de Boukhara, et de Samarcande. Malgré tout, celui de Tachkent a quand-même su nous étonner.
Imaginez sortir du métro en plein milieu d'un labyrinthe de tentes où on vend des vêtements en tous genres, des chaussettes aux sacs Guccl3. Trouvez la sortie par un petit escalier, montez encore quelques marches que dévalent des pousseurs de chariots de marchandises, et entrez dans une immense halle où on trouve des fruits, des légumes, de la viande, des produits laitiers, bref, de tout.
Ne vous précipitez pas à un stand, vous n'êtes toujours pas arrivé·es ! Laissez sur votre droite la halle des boulangers et ressortez à l'air libre, où le cœur du marché s'élève devant vous : un immense dôme bleuté qui scintille au soleil.
En entrant dans le dôme, on remarque assez vite qu'il y a plusieurs sections distinctes, organisées en rangées concentriques.
On voit très bien les trois sections principales depuis la galerie qui fait le tour du dôme : la section produits laitiers, la section koryo-saram, et — la plus grande — la section boucherie.
Il y a encore le rayon nouilles fraîches (près du centre du dôme), le rayon fruits secs et noix (sur la galerie), le rayon boulangerie (dans une halle séparée), et bien sûr le rayon fruits et légumes (à l'extérieur et dans des halles séparées).
Et maintenant, quelques détails de produits :
3. Le Central Asian Plov Center
Ligne Yunusobod, arrêt Shahriston
Une destination ne vaudrait pas la visite sans un attrait culinaire. À Tachkent, l'un d'eux est le Central Asian Plov Center, un restaurant de plov.
Ce que le Central Asian Plov Center a de particulier, en plus d'un excellent plov, c'est qu'on s'y installe aux côtés de centaines d'autres personnes dans une sorte d'immense halle. Le plov est préparé dans une salle attenante dans des énormes qozon — des sortes de grands woks traditionnels d'Asie centrale, fixés au-dessus de feux de bois — d'où le nom officiel du restaurant : Beshqozon ("cinq qozon"). Les mangeur·ses viennent assister à la préparation d'une poêlée avant ou après leur repas.
Bonus : le bar de l'hôtel Ouzbékistan
Ligne Chilonzor, arrêt Amir Temur Xiyoboni
Un soir, on retourne au square Timour, surplombé de l'imposant hôtel Uzbekistan qu'on vous a montré plus haut (la belle façade est couverte de pub de nuit, dommage).
On passe la porte tambour et les garçons en smoking, et prend l'ascenseur pour le 17ᵉ étage.
Dans ce genre de situation, on peut s'attendre à une playlist lounge, peut-être même à un piano à queue, à des barmans en veston à l'anglais parfait et à des cocktails hors de prix, à des hommes d'affaires qui célèbrent à leur table la vente d'une cargaison de pétrole ou un nouveau contrat immobilier. Est-ce qu'on nous laissera entrer avec nos vestes de pluie et nos chaussures de marche ?
Accueilli·es par un petit aquarium et une plante en pot, l'illusion est presque complète. Mais là, surprise : on tombe sur une petite pièce silencieuse et vide, éclairée de néons blancs, où un monsieur tout seul fume au bar. Oubliez les cocktails, il n'y a même pas de bière pression — le choix se résume à une bouteille de Tuborg ou de Sarbast (bière commerciale ouzbèke), il suffit de se servir dans le frigo. On voit à peine la vue à travers les vitres sales.
C'est beaucoup plus sympa que prévu !
On n'a ni cocktails, ni contrat pétrolier à célébrer — on lève nos Sarbast à une traversée de l'Ouzbékistan pleine de surprises. Prochain arrêt : Shymkent, Kazakhstan.
— robin & clara La cuisine ne changera pas beaucoup avec notre passage au Kazakhstan. Par exemple, on mangera toujours beaucoup de samsa à Almaty, où ils font un très bon midi sur le pouce dans une ville où les restos sont chers. ↩ Parce que les stations avaient un "rôle stratégique" : elles servaient aussi d'abris anti-atomiques. Cette interdiction existe toujours ailleurs, par exemple à Yerevan, comme l'avait appris Robin à ses dépens. ↩ Ceci n'est pas une faute de frappe, c'est de la contrefaçon. ↩Footnotes